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Vivien est personnage épique, héros de plusieurs chansons de geste faisant partie du cycle de Guillaume au Court-Nez. notamment d'Aliscans. du Covenant et des Enfances Vivien. Ce dernier poème, composé d'éléments purement romanesques, parait être l'un des plus modernes du groupe. Le Covenant Vivien et Aliscans. qui se font suite, sont eux-mêmes des remaniements de rédactions antérieures.

Ce Vivien paraît être un personnage d'origine arlésienne, qui n'avait au début, aucun rapport avec le cycle de Guillaume au Court-Nez, auquel il n'a été rattaché que vers le XII e siècle.

Les Enfances de Vivien

Les Enfances de Vivien. forment la onzième branche de la Chanson de Guillaume au Court-Nez . Vivien, enfant, est remis aux Sarrasins d'Espagne. en échange de son père, qu'ils retenaient prisonnier depuis huit ans. Il est enlevé par des pirates, et acheté par une marchande, qui le fait passer pour son fils. Bientôt il retourne en Espagne à la tête de quelques jeunes gens, et bat les Infidèles; mais il est assiégé dans une forteresse par une armée innombrable. Sa mère adoptive accourt en France, et obtient que l'empereur envoie des secours, grâce auxquels Vivien demeure vainqueur.

Le Chevalier Vivien et la bataille d'Aliscans

Le Chevalier Vivien et la bataille d'Aliscans (ou Aleschans ) . - Cette suite des aventures de Vivien est le sujet de la douzième branche de la Chanson de Guillaume-au-court-nez. et la plus célèbre du cycle. A son retour d'Espagne, Vivien est adoubé chevalier par son oncle, et fait voeu de ne jamais reculer devant les Sarrasins ; il commence contre eux une guerre d'extermination. Blessé et poursuivi par une armée entière, il s'enferme dans un château. Guillaume accourt, et alors s'engage la terrible bataille dans les plaines d'Aliscans (près d'Orange), où il coula tant de sang que les pierres en sont encore rouges aujourd'hui. Vivien y périt après d'héroïques exploits.


En librairie - Les Enfances de Vivien (prés. Magali Rouquier), Droz, 1997.

Aliscans. Honoré Champion (prés. Claude Régnier), 1994-99, 2 vol. Jean-Charles Herbin, Jean-Pierre Martin et François Suard, La chevalerie Vivien (édition critique des manuscrits S, D, C, avec introd. et glossaire), Publications de l'université de Provence, 1997. - Jean Dufournet, Mourir aux Aliscans. Honoré Champion, 1993. - Collectif, Comprendre et aimer la chanson de Geste (A propos d'Aliscans ), ENS Editions.

Cette chanson de geste a eu une curieuse destinée.


Vivien d'Aliscans et la légende de saint Vidian
La petite ville de Martres-Tolosane (Haute-Garonne ), située au pied des Pyrénées, près de la rive gauche de la Garonne, a pour patron saint Vidian, un saint absolument inconnu des grands calendriers et dont l'autorité toute locale a quelque peine à arriver même jusqu'à Toulouse. Cependant, si saint Vidian est peu connu, ce n'est pas la faute de la population de Martres. tous les ans, le dimanche de la Trinité. elle célèbre en l'honneur de son patron une fête moitié religieuse, moitié militaire qui, par l'originalité du programme et l'éclat de l'exécution, laisse bien loin derrière elle toutes les fêtes patronales de la région.
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A l'église, devant le buste de Saint-Vidian.

Le Saint-Vidian martrais.

Photos. © Florent et Damien Marequestre, 2004.

Cette fête est destinée à perpétuer le souvenir du martyre de saint Vidian, tué, dit la légende, auprès de la fontaine qui porte son nom, dans une grande bataille contre les Sarrasins. au temps de Charlemagne. J'ai eu le plaisir d'y assister en 1885 et j'ai pu constater l'exactitude de la description pittoresque qu'en a faite M. Roschach en 1862. Je ne puis mieux faire que de mettre cette description sous les yeux du lecteur.

"Dans les environs de la fontaine on célèbre chaque année, en mémoire des exploits de saint Vidian, une fête assez curieuse que termine une petite bataille entre les Maures et les Chrétiens. Presque toute la population virile et valide fait partie de la confrérie et joue un rôle actif dans le tournoi. On prétend que le costume fantaisiste des Sarrasins exerce une attraction irrésistible sur la jeunesse et que l'on brigue avec une préférence marquée l'honneur de prendre du service chez les infidèles Néanmoins, les deux armées présentent un effectif à peu près égal de cent vingt-cinq hommes chacune, dont cinquante cavaliers.

Voici la description des uniformes. La cavalerie sarrasine porte un turban d'étoffe blanche et rouge à ganses d'argent; plastron vert avec un large croissant jaune sur la poitrine; veste orange doublée de rouge; ceinture en soie écarlate et pantalon bleu à bouffantes. L'infanterie, moins scrupuleuse en fait de couleur locale, concilie le pantalon blanc à la hussarde avec la veste orange des mamelouks. Les chevaliers chrétiens, plus modestes, ont le casque noir en carton, chargé d'une croix d'argent sur le timbre, la tunique bleue et la cuirasse de fer-blanc. Quant aux fantassins, leur uniforme est évidemment sacrifié. longue capote bleue, pareille à celles de l'infanterie russe, avec croix d'argent sur la poitrine, pantalon, manches et sous-gorge de toile grise. Tous les champions sont armés de lances à flammes, et chaque armée a son étendard. les chrétiens, bannière bleue ornée de l'image de saint Vidian; les Maures, drapeau mi-parti de vert et d'orange avec des croissants argentés.

La cérémonie commence par une grand'messe à laquelle tous les combattants assistent, les soldats de l'Islam y dérogeant de bonne grâce aux traditions intolérantes de leurs ancêtres et présentant les armes à l'offertoire sans aucun souci du Prophète. La messe finie, le tambour de la commune prodigue ses plus héroïques roulements et le cortège s'achemine en procession vers la fontaine miraculeuse. Le clergé marche en tête, portant les reliques, et chante l'hymne de saint Vidian. Pendant cette marche solennelle, les bonnes âmes voient perler des gouttes de sueur sur le buste doré du martyr. Parvenu sous les pittoresques ombrages de la source, le célébrant y lave l'image du chevalier en mémoire de ses blessures, et les deux armées se déploient face à face dans un champ dont on a loué la récolte pour l'année.

Aussitôt commence une série d'évolutions guerrières. les flammes rouges et noires, blanches et bleues, flottent à tous les vents, les cuirasses lancent des éclairs, les vestes oranges, les turbans rouges resplendissent dam la verdure, et les chevaux de ferme, affranchis pour un jour de leurs serviles corvées, représentent du mieux qu'ils peuvent les fines montures des infidèles et les destriers des paladins. Dans cette lutte archéologique, Maures et chrétiens se prennent parfois d'un acharnement si moderne qu'ils finissent par se traiter en vrais mécréants. La bataille se termine par la capture du drapeau des Maures que la bravoure de ses défenseurs ne peut différer au-delà d'un terme traditionnel. le cortège reprend sa route et le champ de bataille s'endort pour un an dans la solitude et le silence. [1] "
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Sarrasins et Chrétiens en route vers la bataille.
© Florent et Damien Marequestre, 2004. En même temps que cette description, M. Roschach donne la légende de saint Vidian d'après la tradition, Du Mège avait fait de même, en 1860, dans son Archéologie pyrénéenne (tome II, p. XXXVIII à XL), et tous deux [2] avaient été précédés par un autre voyageur ami des anciennes histoires, Cénac-Moncaut (Voyage archéologique et historique dans l'ancien comté de Comminges. Tarbes et Paris. 1856, p. 44-46). La tradition, en cette occurrence, réside dans une plaquette de VI-54 pages, publiée à Toulouse. chez Bon et Privat, en 1840, et dont voici le titre tout au long. Vie de saint Vidian, martyr, patron de Martres, diocèse de Toulouse. avec une notice historique en forme de préface, et suivie de pièces justificatives et de l'office du saint, par Melchior Jammes, curé de Martres. C'est donc au curé de Martres qu'il faut demander ce que l'on sait, ou du moins ce que l'on croit savoir, de la vie de saint Vidian. Laissons de côté la phraséologie édifiante de l'excellent ecclésiastique pour nous en tenir au fond. Voici les faits qu'il nous raconte.

Vidian vivait au temps de Charlemagne. Son père, duc d'Alençon, était prisonnier des Sarrasins à Lucéria ou Lucerne, ville des bords du golfe de Gascogne. Les démons, consultés par les prêtres sur le sort qu'il fallait lui faire subir, conseillent de rendre la liberté au duc, à condition qu'il donne son fils en otage. Le duc accepte. Vidian quitte Paris, où sa mère Stace surveillait son éducation, pour aller se constituer prisonnier. Le duc d'Alençon une fois remis en liberté, le souverain de Lucéria, au lieu de faire périr Vidian, le vend comme esclave. une marchande anglaise l'achète, l'emmène en Angleterre et en fait son fils adoptif. Devenu homme, Vidian organise une croisade et, à la tête d'une flotte, débarque à Lucéria, extermine tous les habitants et détruit la ville elle-même. Cela fait, il revient à Paris jouir de la renommée que lui vaut un pareil coup d'éclat. Charlemagne le nomme duc. Sur ces entrefaites, Abou-Saïd envahit le midi de la France à la tête d'une armée musulmane et vient assiéger Angonia, au sud de Toulouse. Accouru à la tête d'une armée, le duc Vidian lui livre bataille sur les bords de la Garonne. il met les Sarrasins en fuite et s'acharne à leur poursuite. Harassé de fatigue, atteint de plusieurs blessures, il descend de cheval auprès d'une fontaine pour se reposer et laver ses plaies. Un détachement ennemi survient à ce moment et Vidian périt accablé par le nombre. La nouvelle de cette mort ranime le courage des Sarrasins qui détruisent toute l'armée chrétienne et s'emparent d'Angonia. Lorsque le flot de l'invasion eut passé, les fidèles enterrèrent les restes de Vidian et de ses compagnons. des miracles se firent immédiatement sur leur tombeau et le nom d'Angonia fut remplacé par celui de Martres ou ville des martyrs.

[1]Foix et Comminges, par Ernest Roschach (Paris, Hachette, 1862), p. 165 et s.

[2] Notons cependant que Du Mège avait déjà parlé de la légende de saint Vidian dans ses Recherches sur Calagurris des Convenae. mémoire lu à l'Académie des sciences de Toulouse en 1826 et imprimé en 1830 dans les Mémoires, 2e série, t. II, 2e partie, p. 366. Dans ce mémoire, il cite des extraits du texte latin que nous publierons plus loin. Il mentionne aussi saint Vidian en 1829 dans sa Statist. gén. des départ. pyrénéens, t. II, p. 381, et il dit que "chaque année une fête religieuse et guerrière rappelle et son courageux dévouement et son glorieux trépas ".