Streaming Le Sous-Marin de l'apocalypse 4K

Le Sous-Marin de l’Apocalypse

Le Sous-Marin de l’Apocalypse est un film du grand rĂ©alisateur Irwin Allen, sorti en salle en 1961. Aujourd’hui rĂ©Ă©ditĂ© en France par Rimini Editions, Fais Pas Genre. vous propose Ă  cette occasion sa chronique d’un des plus grands classiques de la science-fiction.

Le ciel est en feu !

Le Sous-Marin de l’Apocalypse. Voyage to the Bottom of the Sea en version originale, voit le jour, comme la plupart des films de science-fiction, suite à des découvertes et aventures réelles de l’époque. En effet, à l’été 1958, le sous-marin nucléaire américain USS Nautilus devient le premier navire de l’histoire à faire la traversée du Pacifique à l’Atlantique via le Pôle Nord. C’est précisément le 03 Août 1958 d’ailleurs, que le Nautilus devient le premier navire à atteindre le Pôle Nord, tout court. De quoi donner des idées folles aux scénaristes, producteurs et réalisateurs de l’époque. D’autant plus qu’à peu près à la même époque, c’est la ceinture radioactive Van Allen qui est découverte. A une époque où la Guerre Froide ne bat pas encore tout à fait son plein, ce sont donc de telles découvertes qui fascinent le public et alimentent l’imaginaire collectif. Il n’en fallait pas plus au grand Irwin Allen. Après The Animal World (1956), The Story of Mankind (1957), et The Lost World (1960), celui que l’on nomme désormais le Maître du Désastre (Master of Mankind ) eu donc l’idée d’une aventure à la Jules Verne et son 20.000 Lieues Sous les Mers. C’est avec Charles Bennett qu’Allen écrivit donc cette histoire du Seaview. sous-marin nucléaire commandé par l’amiral Nelson, en expédition sous les glaces du Pôle Nord. Cependant rien ne se passe comme prévu. En effet, alors que le navire et son équipe sont littéralement sous les glaces polaires, la ceinture Van Allen prend feu, provoquant une grave et irréversible hausse de la température terrestre. L’avenir de la planète et de l’humanité est en jeu et seul l’amiral Nelson semble capable d’inverser cette apocalypse programmée.

A l’époque de sa sortie et malgrĂ© des critiques plus que mitigĂ©es, le film connut un succès retentissant. Très gourmands de ce genre d’épopĂ©es, les AmĂ©ricains remplirent les salles du pays afin d’admirer les scènes de fonds marins mais aussi et peut-ĂŞtre surtout afin d’apprĂ©cier le jeu d’un casting 5 Ă©toiles pour un film de science-fiction de l’époque. Irwin Allen, grâce Ă  sa rĂ©putation, parvint en effet Ă  rĂ©unir la crème de la crème. Walter Pidgeon dans le rĂ´le de l’amiral Nelson, Robert Sterling dans celui du capitaine Crane, Peter Lorre en tant que commandeur Emery ou encore Joan Fontaine dans le rĂ´le du docteur Hiller et Barbara Eden dans celui du lieutenant Connors. Tous très bons dans leurs rĂ´les respectifs, bien que parfois trop théâtraux comme il Ă©tait coutumier de jouer Ă  l’époque, certains n’étaient pas Ă©tranger au genre ou le restèrent par la suite. On se souvient forcĂ©ment de la performance de Peter Lorre dans le 20.000 Lieurs sous les Mers de Richard Fleischer (1954) ou de Walter Pidgeon dans le rĂ´le du Dr. Morbius dans Planète Interdite (Fred M. Wilcox, 1956) et plus tard celui du Dr. Andrews dans L’OdyssĂ©e Sous la Mer (Daniel Petrie, 1973). Le succès du film conduisit Allen Ă  en faire une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e, 4 saisons et 110 Ă©pisodes durant lesquels un casting forcĂ©ment remaniĂ© et beaucoup moins prestigieux – Richard Basehart, David Hadison, Bob Dowdell, Derrik Lewis, etc… – connut des aventures aussi folles et surtout aussi populaires que le film qui les avait inspirĂ©es. Notons d’ailleurs que beaucoup de sĂ©quences du film furent directement transposĂ©es et rĂ©utilisĂ©es pour la rĂ©alisation de la sĂ©rie. L’épisode The Sky’s on Fire n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une rĂ©Ă©criture d’une heure du film lui-mĂŞme.

MalgrĂ© le travail des Ă©diteurs français, force est de constater que le poids des annĂ©es s’en ressent, non seulement sur la photographie et la mise en scène elle-mĂŞme, mais aussi sur les messages vĂ©hiculĂ©s par le scĂ©nario et les dialogues. Si Ă  l’époque, le sous-marin de l’extĂ©rieur comme de l’intĂ©rieur avait sans doute de quoi impressionner, celui-ci fait aujourd’hui forcĂ©ment très pâle impression. Les dĂ©cors intĂ©rieurs empĂŞchent en effet toute immersion du spectateur tellement l’on est loin des espaces normalement confinĂ©s, limite angoissants, des sous-marins tels qu’on se les reprĂ©sente. Ici, les espaces sont très larges, lumineux et bien trop immaculĂ©s pour y croire rĂ©ellement et nous enlever cette impression d’être au milieu d’un studio de cinĂ©ma. Contrairement Ă  d’autres classiques du genre qui ont plutĂ´t bien vĂ©cu et vieilli – on repense Ă  nouveau Ă  20.000 Lieues Sous les MersLe Sous-Marin de l’Apocalypse souffre du poids des annĂ©es Ă©galement sur ses prises de vues. MĂŞme si certaines prises de vues sous-marines restent Ă  ce jour plutĂ´t rĂ©ussies et agrĂ©ables Ă  revoir, l’ensemble porte plutĂ´t Ă  sourire et est bien difficile Ă  prendre au sĂ©rieux. Que dire de l’embrasement de la ceinture Van Allen qui pique les yeux bien comme il faut ou surtout de la pieuvre « gĂ©ante » qui ne parvient pas du tout Ă  nous effrayer !

Au-delà du vieillissement de la photographie et de la mise en scène, il est aujourd’hui difficile de prendre le scénario au sérieux. Les rebondissements de ce dernier, s’ils ont le mérite de garder le spectateur éveillé, n’ont aucun sens, surtout, aucune construction, et si l’intrigue générale est plutôt convaincante et intéressante, le cheminement scénaristique pour parvenir à sa conclusion est on ne peut plus déroutant. Le plus ironique c’est que l’on a en fait l’impression de regarder une succession de trois ou quatre épisodes d’une série, et non pas un film à part entière. Irwin Allen avait déjà peut-être en tête, dès la réalisation de son film, la série qui verra le jour peu de temps après. Enfin, certains messages véhiculés par le film sont aujourd’hui quelque peu dérangeants. Tout d’abord, il est clair que le scénario et les dialogues du film font l’apologie du nucléaire. A l’époque on comprend, mais 50 ans plus tard et en l’état actuel des choses, cela est un peu difficile à entendre. sous-marin à réacteur nucléaire, missile nucléaire balancé dans l’atmosphère terrestre comme si de rien n’était, etc… Mais c’est peut-être finalement et surtout l’un des personnages principaux et l’usage des personnages féminins qui sont les plus dérangeants. Difficile de ne pas remarquer et tiquer sur le traitement sexiste qui est réservé aux personnages du Dr. Hiller et du lieutenant Connors. Certes, le film a été réalisé au début des années 60 mais d’autres parvenaient déjà à l’époque à donner un traitement beaucoup plus moderne à ses personnages féminins. L’amiral Nelson est quant à lui l’archétype même de l’Américain tel que le monde sur le représente et aujourd’hui encore plus, il nous rappelle un certain président des Etats-Unis que nous ne nommerons pas. Vive les Etats-Unis libres et indépendants, à bas les Nations Unies, je n’ai d’ordre à recevoir de personne d’autre que mon Président américain même quand il s’agit de balancer un obus nucléaire dans le ciel. Difficile de ne pas faire certains parallèles avec les évènements récents.

Du coup certains aspects de ce film ont au moins le mĂ©rite, malgrĂ© le poids du temps qui a passĂ©, d’être encore au goĂ»t du jour, aussi triste que cela puisse ĂŞtre…Quoiqu’il en soit, on ne cache pas notre plaisir Ă  redĂ©couvrir ce genre de classiques du cinĂ©ma de science-fiction, 50 ans plus tard. Grâce au beau travail des Ă©ditions Rimini, Le Sous-Marin de l’Apocalypse a en effet retrouvĂ© des couleurs et un son en haute dĂ©finition. Les Ă©diteurs nous proposent Ă©galement une version originale sous-titrĂ©e qui saura ravir son public. Nous reprocherons cependant le manque de bonus. Ă  part un petit reportage d’une vingtaine de minutes dans les coulisses du Seaview. sa genèse et la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e dĂ©rivĂ©e, c’est le nĂ©ant. Ce BLu-Ray apparaĂ®t donc comme un produit uniquement destinĂ© aux vrais fans du genre et nostalgiques du film lui-mĂŞme ou plus largement de la carrière d’Irwin Allen, les autres passeront certainement leur chemin et ils n’auront pas complètement tort. Une opportunitĂ© un peu manquĂ©e donc d’ouvrir plus larges les portes de tout un pan de l’histoire de la science-fiction et du film catastrophe du dĂ©but des annĂ©es 60 et 70. D’ailleurs, mĂŞme les plus nostalgiques ne pourront s’empĂŞcher de finir le film avec un lĂ©ger goĂ»t amer dans la bouche. celui du temps qui passe inexorablement.

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